Quel est le rapport entre une voie rapide dans le nord de Bangkok et un Boeing 737 appartenant au prince héritier de Thaïlande ? Vous ne le voyez peut-être pas, mais la justice allemande, elle, n’a pas hésité à faire le lien. Le 12 juillet, des huissiers ont posé des scellés sur l’avion portant l’emblème du prince Maha Vajiralongkorn, stationné sur le tarmac de l’aéroport de Munich. Cette saisie est la conséquence d’une requête de Walter Schneider, un administrateur financier chargé d’obtenir le remboursement d’une vieille dette de 20 millions d’euros, due par le gouvernement thaïlandais à la firme allemande Walter Bau, pour avoir construit la voie rapide au début des années 1990.
Nul besoin de dire que le raccourci opéré par Berlin n’est pas du goût des autorités de Bangkok. Pour les Allemands, la monarchie thaïlandaise, c’est l’Etat, et donc il y a communauté de biens. Pour le gouvernement thaïlandais, le Boeing est la propriété privée du prince, dont le patrimoine est séparé de celui de l’Etat. Si ce dernier est un mauvais payeur, dit le gouvernement, le fils du roi n’est pas concerné. L’affaire n’en a pas moins provoqué un branle-bas de combat à Bangkok. Le ministre des Affaires étrangères, Kasit Piromya, et des hauts fonctionnaires de l’aviation civile se sont précipités à Berlin pour tenter de résoudre le contentieux. La justice allemande a demandé le dépôt d’une garantie financière de 20 millions d’euros pour que l’avion soit restitué, provoquant un concert de protesta