A part le répit providentiel du week-end, plus rien ne semble pouvoir arrêter la crise boursière. Les bons chiffres de l’emploi aux Etats-Unis n’auront eu, vendredi, qu’un effet antalgique ponctuel, dérisoire, contre le mal qui ronge si profondément l’économie mondiale. Plus grave : les Etats, qui se sont quasiment ruinés pour sauver une première fois le système, n’ont désormais plus les moyens de le faire à nouveau. Ils sont pétrifiés par cette injonction contradictoire venue des marchés, qui les somment de réduire dettes et déficits via des politiques d’austérité qui, elles-mêmes, risquent de tuer tout espoir de croissance. Plus qu’une impasse : un gouffre, dans lequel chute librement l’économie mondiale, emportant avec elle la parole politique, dévaluée, qui ne vaut plus un kopeck à Wall Street, Paris, Francfort ou Londres. Et demeure incapable de ramener au calme, ou à la raison, des investisseurs en proie à la terreur. En plein mois d’août, le scénario du pire est donc en train de s’écrire. Et que font nos autorités ? Mobilisation générale ! Chroniquement en retard d’une crise, l’Elysée a fait savoir que le chef de l’Etat téléphonait, depuis le cap Nègre, à certains homologues européens pour monter en urgence un G7 finance. Et François Baroin a interrompu ses vacances en Creuse pour parler aux médias ! Que les juillettistes, les aoûtiens et les marchés se rassurent : la crise est hors de contrôle, les gouvernants sont débordés, mais la communication politique, elle, ne
EDITORIAL
Gouffre
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par Nicolas Demorand
publié le 6 août 2011 à 0h00
(mis à jour le 6 août 2011 à 10h15)