Joseph White est professeur à la Case Western Reserve University, auteur de nombreuses études sur les politiques budgétaires américaines.
Pourquoi le compromis évitant le défaut de paiement des Etats-Unis n’a t-il pas soulagé les marchés ?
C’est un bon exemple pour rappeler combien il est dangereux que les hommes politiques croient devoir répondre aux «marchés». Et puis, penser que les marchés réagissent à cet accord, c’est supposer qu’ils sont remplis d’abrutis. Comment auraient-ils pu attendre quelque chose de plus ample ? L’explication la plus plausible de leur chute est que les marchés jugent la situation économique abominable. Ils avaient d’ailleurs commencé à baisser avant l’accord sur la dette.
Cela confirme que les gouvernements sont impuissants face aux marchés ?
Beaucoup de gens semblent croire que les gouvernements peuvent peser sur les taux de change, les taux d'intérêt ou même le prix des actions, en adoptant des politiques que «les marchés approuvent». Mais il n'existe pratiquement pas de preuve que les calculs de prix sur les marchés ont la moindre relation rationnelle avec les politiques des gouvernements. Ce qu'on voit plutôt, ce sont des experts qui étayent leurs choix politiques en proclamant que «les marchés» veulent ceci ou cela. C'est aujourd'hui le cas aux Etats-Unis où beaucoup de soi-disant experts soutiennent que nous avons besoin d'une réduction massive du déficit, sinon les «miliciens du marché obligataire» nous sanctionneront par des hausses de taux d'intérêts. Mais Paul Krugman [prix Nobel d'économie, ndlr] a raison : les faucons du déficit tiennent ce discours depuis des années, et pourtant les taux d'intérê