Professeur d’économie à l’université de Würzburg, Peter Bofinger est membre du Conseil allemand des experts économiques, un groupe de cinq économistes qui conseillent le gouvernement Merkel.
Quelles sont les causes de l’instabilité persistante sur les marchés ?
Nous avons une monnaie commune mais pas assez de responsabilités fiscales communes. L’instabilité s’explique par un cercle vicieux : si le marché doute de la viabilité de votre dette, les taux d’intérêt montent et votre dette se détériore, elle fait l’objet d’une dégradation des agences de notation, etc. Les dispositions actuelles ne sont pas suffisantes pour enrayer ce cercle vicieux.
Comment l’Europe peut-elle répondre à la panique des investisseurs ?
Les décisions prises il y a deux semaines ont rendu le système un peu plus résistant. Le Fonds européen de stabilité financière (FESF) peut désormais acheter des bons au marché secondaire, mais l'ampleur du plan n'est pas suffisante pour acheter des obligations en Espagne. Je ne vois qu'une solution : les eurobonds [obligations émises par la zone euro en complément des emprunts nationaux, ndlr]. Avec eux, il n'y a plus de risque d'insolvabilité nationale.
Comment expliquez-vous la réticence de Berlin à adopter les eurobonds ?
Les chefs d'Etat ne réagissent qu'au bord de la catastrophe. Il faut que la pression devienne immense, et alors ils prennent les décisions qui s'imposent. Je suis optimiste : dans les douze prochains mois, ils mettront en place les eurobonds. L'histoire des quinze derniers mois, c'est qu'on nous dit «il n'y aura aucun soutien à la Grèce», puis «il n'y aura qu'un soutien limité à la Grèce», puis «la Grèce sera le seul pays à êtr