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Libération
Interview

«On peut dénoncer l’hypertrophie de la finance, mieux vaut s’attaquer aux racines de l’instabilité»

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Yann Moulier Boutang, économiste à l’université de technologie de Compiègne :
publié le 9 août 2011 à 0h00

Pourquoi nous n'en avons pas fini avec la finance de marché ? Comment s'attaquer aux racines de l'instabilité ? Yann Moulier Boutang est économiste (université de technologie de Compiègne) et codirecteur de la revue Multitudes. Il est notamment l'auteur de l'Abeille et l'Economiste (éditions Carnets Nord).

L’exaspérante finance

«Les agences de notation cristallisent l’exaspération générale à l’égard de la finance. Des économistes atterrés aux "indignés" espagnols, pour qui elles arment les politiques d’austérité, sans oublier les gouvernements, les banques centrales, qui guettent les réactions de la Bourse. On mesure combien la finance est loin d’avoir été mise au pas. Pourtant, on ne soigne pas la fièvre en cassant le thermomètre. Les agences de notation forment l’opinion des investisseurs autant qu’elles sont formées par eux. Elles représentent l’avis du rentier collectif du moment. Un drôle de personnage qui comprend des Etats (la Chine, le Japon, le Royaume-Uni), des fonds de pension… bref, le système global de la finance. Ce n’est pas qu’elles aient failli dans leur rôle qui pose un problème de plus en plus aigu, c’est que les politiques aient décidé depuis trente ans de gérer les Etats, les budgets, la monnaie selon les critères du rendement des actifs financiers.

«A propos, que disent les agences de notation ? Que l’Union européenne doit choisir entre faire bénéficier ses membres des avantages d’une monnaie unique (donc pouvoir emprunt