Lorsqu’un demandeur d’emploi s’adresse à Rachel, l’agent administratif en poste à l’accueil de cette agence Pôle Emploi d’Orléans, il bénéficie d’une oreille très attentive. La précarité, elle connaît ça sur le bout des doigts. Depuis dix ans, cette jeune mère de famille a empilé à l’ANPE, puis aux Assédic, et enfin à Pôle Emploi sept contrats à durée déterminés et emplois aidés. Au 31 août, et malgré l’utilité avérée de sa mission d’écoute et d’orientation, elle devra prendre la porte, direction… Pôle Emploi.
Incrédules, ses collègues titulaires ont décidé de demander des comptes à leur direction. «Il y a des règles précises d'embauche auxquelles je ne peux déroger au risque de violer les conventions collectives, se défend Jean-Yves Cribier, directeur régional emploi Centre. Nous n'embauchons aujourd'hui que des profils qui ne correspondent pas à celui de l'intéressée. Par ailleurs, les CDD n'ont pas vocation à devenir des CDI. Ils sont faits pour répondre à un surcroît de travail.» Rachel voit dans cette succession de contrats précaires une manière d'obtenir les meilleurs résultats. «On ne sait jamais si on va être renouvelé. Du coup, on ne refuse rien, et sûrement pas l'accueil, jugé ingrat par bon nombre de conseillers.» Si elle n'a pas pris le temps de passer les concours, c'est pour s'occuper de ses trois jeunes enfants : «Mon mari a été longtemps précaire, lui aussi. Il nous fallait privilégier l'emploi.»
Selon Jean-Yves Cribier, la s