«Les gens qui ont donné les meilleures notes aux prêts hypothécaires à haut risque déclarent maintenant qu'ils sont les juges de la politique fiscale. Vraiment ?» s'étouffait le professeur d'économie Paul Krugman, prix Nobel 2008, dans le New York Times, au lendemain de l'abaissement de la note des Etats-Unis par Standard & Poor's. «Après la débâcle immobilière, ils n'en ont pas le droit. Ils n'ont pas la stature pour porter jugement.» Ils ? Ce sont les hommes de l'agence, qui ont osé, le 5 août, rétrograder les Etats-Unis au rang de AA+.
Le lendemain, John Chambers, président du comité sur la notation souveraine de l'agence, et David Beers, en charge du dossier souverain, ont bien tenté de s'expliquer : ce sont les dissensions entre la Maison Blanche et les républicains sur le plafond de la dette qui les ont poussés à agir. David Beers se sent d'ailleurs le droit d'intervenir dans le champ politique. Car «la politique fiscale est fondamentalement un processus politique». Les experts de Standard & Poor's estiment qu'il fallait effacer 4 trillions de dollars (2,8 milliers de milliards d'euros) de dette sur dix ans pour que les Etats Unis soient en mesure de faire face à leurs obligations. Or, le compromis entre Barack Obama et les républicains s'est contenté de 1,5 trillion.
L'explication n'a pas convaincu. «L'agence a trop de valises, estime Larry McDonald, un ancien de la banque Lehman Brothers. Après avoir accordé un