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Libération

Le gourou d’une techno-secte

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L’hystérie lors de ses présentations…
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publié le 26 août 2011 à 0h00

Apple est une religion, ses fidèles une secte d'adorateurs, ses produits l'opium du peuple… C'est Umberto Eco qui l'écrivait en 1994 divisant le monde en deux : d'un côté les Applemaniaques croyants, de l'autre le petit peuple, pas dupe, de Microsoft. «Le Mac est catholique […]. Il est convivial, amical, conciliant, il explique pas à pas au fidèle la marche à suivre […]. Tout le monde a le droit au Salut.» L'exact opposé du DOS protestant de Microsoft qui exigeait, selon le philosophe italien, «libre interprétation», tourments techniques et «herméneutique subtile». La dogma de Jobs est une fausse théologie de la libération : «Apple, c'est l'ordinateur de demain à 1 299 dollars, pas celui d'hier à 999 dollars» (présentation de l'iMac, 6 mai 1998) ; «Une fois de temps en temps, un produit révolutionnaire apparaît et bouleverse tout» (exposé pour l'iPhone, janvier 2007). Et Jobs un ascète rigoriste qui dit vouloir «bannir le porno» d'Apple.

Et ça marche mieux que l’Eglise. A chaque apparition en son temple de Cuppertino, la planète technophile retient son souffle. Attend l’oracle. Hystérise la révélation. A chaque lancement de produit, la foule des fidèles et des néophytes fait la queue devant les Apple Store. Puis arbore son iPhone ou iPad, moins comme un trophée que comme un signe d’appartenance à la foi connectée. C’est sans doute la plus grande réussite de Saint-Jobs, qui a su faire de sa vie un geste techno-christique. A