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Libération

Le songe des eurobonds

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par Romain Rancière et Aaron Tornell
publié le 30 août 2011 à 0h00

La crise de la dette s’approfondit en Europe. Elle se concentre aujourd’hui sur deux pays - l’Espagne et l’Italie - dont la solvabilité est davantage menacée par le risque de panique des investisseurs que par leurs fondamentaux de long terme. Face à cette situation, nombreux croient voir dans l’émission d’eurobonds, c’est-à-dire d’obligations souveraines garanties solidairement par tous les membres de la zone euro, une solution miracle. A court terme, le financement des pays fragiles, via des eurobonds, mettrait, en effet, un terme à la spéculation sur le risque de défaut et réduirait le service de la dette publique. La promesse d’un grand marché liquide d’obligations garanties pourrait même attirer des nouveaux investisseurs vers l’Europe.

Les promoteurs de ce nouveau type d’instruments tendent cependant à sous-estimer un certain nombre de problèmes cruciaux. Un pays émettant des eurobonds s’ouvre de facto l’accès aux ressources fiscales futures de l’ensemble des pays de la zone euro, et, au premier chef, à celles des pays les plus respectueux de rigueur budgétaire. Ce transfert implicite de ressources porte sur toute la durée de vie des obligations émises : dix, quinze ou trente ans. En échange, les pays candidats à l’émission d’eurobonds devront se soumettre à un examen rigoureux de leur situation financière et à un contrôle strict de leur politique fiscale et budgétaire.

Le paradoxe est que ce sont les pays les moins à même de satisfaire ces critères de discipline qui ont