C'est un très gros pavé dans la mare que vient de jeter l'Inspection générale des finances (IGF) à quelques jours de l'ouverture de la discussion budgétaire. Dans un rapport de 6 000 pages, ce grand corps évalue avec un degré de précision et de rigueur jamais vu 339 niches fiscales et 46 niches sociales (sur 538 au total) à l'aune de leur efficacité. Le résultat est édifiant. Selon l'IGF, plus de la moitié de ces mesures censées soutenir l'activité sont «peu efficientes» ou «inefficaces». Au total, ces niches - tout sauf indispensables, selon l'IGF - représentent un manque à gagner de 53 milliards d'euros pour un Etat lourdement endetté. Un montant peu ou prou équivalent aux intérêts annuels de la dette publique (50 milliards en 2012) ou à un an de recettes de l'impôt sur le revenu.
Prudence. Commandé par le Premier ministre, François Fillon, qui s'inquiétait d'un développement des niches - en moyenne 23 nouvelles par an entre 2000 et 2010 - pouvant affecter «la juste répartition des charges publiques», cet implacable audit a été discrètement remis au gouvernement dans le courant de l'été. Ce dernier l'a transmis au Parlement, mais s'est bien gardé de l'ébruiter. Et pour cause. Le plan d'austérité de 12 milliards annoncé la semaine dernière par Fillon ne touche guère aux niches les plus inefficaces pointées par les inspecteurs des finances. «Ce rapport est une très bonne base de travail, a estimé le ministre de l'Economie,