La scène se passe à Hydra, une île du golfe Saronique, à deux heures de bateau du Pirée, fréquentée par la bonne société grecque, y compris le Premier ministre Georges Papandréou. A l’issue d’un dîner dans une taverne réputée qui réunissait, courant août, une dizaine de convives, la patronne apporte l’addition : 150 euros. Elle est faite à la main, c’est-à-dire qu’elle n’a pas été enregistrée. Payer en carte de crédit ? Hors de question, il n’y a pas de terminal. Ce sera donc cash. Il n’est pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que la taverne travaille pour l’essentiel au noir et échappe ainsi à l’impôt.
Cette taverne n’est pas une exception, loin de là. Dans toute l’île, les restaurants, mais aussi les cafés, fraudent le fisc au vu et au su de tous, tout comme les pensions non déclarées qui doublent la capacité hôtelière d’Hydra. Ainsi, un établissement ayant pignon sur rue propose sept chambres à 50 euros minimum, payables cash et sans facture. Si l’on compte quatre mois de saison, cela rapporte 42 000 euros au propriétaire (moins les charges) net d’impôt. Les cafés et les entrepreneurs ne sont pas en reste. Ce sont ainsi plusieurs millions d’euros qui échappent au fisc rien qu’à Hydra. Ceux qui payent leurs impôts, comme les hôtels officiels, ont la désagréable sensation d’être les dindons de la farce, surtout depuis que la pression fiscale s’est accrue.
Enveloppe. Mais, pour autant, les dénonciations restent peu nombreuses. (18 500 signalements en