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Interview

«Obama n’a pas montré de leadership sur l’emploi»

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Pour remédier à un chômage persistant, le président américain devrait assumer un nouveau plan de relance, selon l’économiste Lawrence Mishel.
publié le 3 septembre 2011 à 0h00

Aucun emploi créé en août : une fois encore, les chiffres mensuels du chômage américain, tombés vendredi, sont décevants et inquiétants. L’économie américaine, qui avait commencé à recréer des emplois depuis septembre 2010, est restée bloquée en août sur un taux de chômage de 9,1% de la population active. 17 000 nouveaux emplois ont été générés par le secteur privé, mais 17 000 supprimés dans le public ! Explications de Lawrence Mishel, président de l’Economic Policy Institute à Washington, un institut «de gauche», peu satisfait des efforts d’Obama.

Les Etats-Unis sont-ils durablement condamnés à un niveau élevé de chômage ?

Depuis plus de vingt-huit mois, le chômage est à près de 9% de la population active. Un niveau pire que lors des deux dernières récessions, pire que dans les années 80 où la crise avait déjà été profonde. Et les projections indiquent que nous serons encore à 8,5% de chômage, ou plus, à fin 2012. On ne redescendra pas à moins de 8% avant 2014. La durée du chômage est aussi en hausse. Près de 45% des sans-emploi le sont depuis plus de vingt-six semaines, du jamais-vu ici. Je ne dirais pas que les Etats-Unis sont condamnés à ce niveau-là, mais la politique de coupes budgétaires aujourd’hui en vogue à Washington ne fait qu’aggraver les choses.

Les Etats-Unis sont-ils en train de s’habituer à un chômage de niveau…européen ?

Un tel niveau est bien plus grave aux Etats-Unis, car les indemnisations sociales y sont moins généreuses qu’en Europe. Etre chômeur ici, c’est le plus souvent perdre sa couverture maladie, qui dépend de l’employeur. Depuis la dernière grande récession de 2007, le taux d’emploi pour les hommes d