C'est un plan de délocalisation pour le moins original. Selon nos informations, la direction de Schneider Electric a réclamé un transfert à l'étranger d'une partie de la production française, non pas parce que la crise a fait chuter l'activité mais parce que… les usines tricolores tournent à plein régime ! D'où la nécessité, estime Schneider, de se débarrasser de 1 000 intérimaires en supprimant leur charge de travail. Vincent Megglé, directeur industriel France, décrit le projet dans un mail du 12 juin adressé à plusieurs cadres dirigeants du groupe, que Libération s'est procuré.
Pour s'adapter à la crise de 2009, Schneider a supprimé 6% de ses effectifs en France, soit plus de 1 000 emplois. Sauf que les prévisions de production faites à l'époque se sont révélées trop pessimistes «de 10 à 25%». Du coup, il a fallu embaucher beaucoup d'intérimaires : l'entreprise en comptait 2 763 fin mai, soit 30% des effectifs ouvriers. «Si on considère un ratio "normal" de 15% d'intérimaires, nous en avons aujourd'hui 1 637 "en trop"», écrit le responsable industriel France. Des opérations de «transfert» en cours vont permettre d'en supprimer 600. Mais il reste encore un «écart» de 1 000 personnes. Le groupe aurait pu «normaliser» les choses en offrant des CDI à une partie de ces précaires. Au lieu de cela, «le "top management" nous demande d'avancer rapidement» vers un nouveau «rééquilibrage» pour supprimer ces 1 000 emplois,