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Libération

«Servier Land» découvre l’anxiété

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Mediator. Dans le Loiret, les employés des laboratoires craignent de voir l’activité ralentir.
publié le 12 septembre 2011 à 0h00

Les nombreuses révélations sur les dérives du système Servier (Libération de jeudi) ont une résonance particulière dans la commune de Gidy (Loiret), aussi baptisée «Servier Land». C'est ici, dans ce bourg rural de 1 500 habitants situé en banlieue d'Orléans, que durant plusieurs années un millier d'employés ont fabriqué, entre autres médicaments, le Mediator. La mise à l'index du «Vieux» (le surnom de Jacques Servier) plonge les salariés dans l'incertitude. «Quand je suis rentré chez Servier, au milieu des années 80, mes parents me pensaient totalement à l'abri. Aujourd'hui, on a le sentiment d'aller dans le mur», raconte l'un d'eux, sous couvert d'anonymat. La plupart dénoncent «un complot médiatique et politique» où l'on pratiquerait «l'amalgame afin de descendre le Vieux». «Et les médecins ? Et les agences de contrôle ? Eux ne sont pas inquiétés, c'est étrange !» accuse une habitante.

«Nous sommes vraiment en colère», confirme un cadre. «Un fleuron de l'industrie pharmaceutique est en train de sombrer sur des bruits, des éléments qui n'ont pas encore été jugés.» Alors, certains ont recours aux tranquillisants. D'autres se préparent à quitter la grande maison qui faisait, il y a peu, leur fierté. «Mon conjoint ne regardera pas Servier s'écrouler sans réagir. Je l'encourage à actualiser son CV et à chercher ailleurs. Même si je sais qu'à la quarantaine passée ce sera difficile», confie une épouse de cadr