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Libération
Interview

«Si l’euro survit, nos usines mourront»

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Banquier d’affaires, Philippe Villin pointe la responsabilité de la monnaie unique dans la crise actuelle :
publié le 13 septembre 2011 à 0h00

Alors que la méfiance des marchés vis-à-vis des dettes souveraines ne baisse pas, les détracteurs de l'Union monétaire triomphent. Banquier d'affaires atypique, Philippe Villin pointe la responsabilité de la monnaie unique dans la crise actuelle. Visiteur du soir de l'Elysée, cet anti-Maastricht de la première heure, qui se définit volontiers comme un «chevènementiste de droite», parie désormais - avec satisfaction - sur un très prochain «grand soir de la fin de l'euro».

D’ici fin septembre, le deuxième plan d’aide à la Grèce devra être bouclé. Une sortie de crise se dessine-t-elle ?

Non. L’explosion de la zone euro est inévitable d’ici un à douze mois. La Grèce ne sera pas sauvée, heureusement, car sinon, elle serait perdue. Elle doit dévaluer très fortement pour rétablir sa compétitivité, relancer son économie et faire complètement défaut. Le Portugal et l’Espagne suivront. Le marché anticipe cette situation en faisant tendre vers zéro la valeur de beaucoup de banques européennes.

N’êtes-vous pas exagérément pessimiste ?

Non, l’euro est en bout de course. L’absence de croissance fait exploser le chômage et les dettes souveraines. Mais la crise n’est pas seulement une crise de la dette. C’est aussi une crise de surévaluation de la monnaie unique, qui pousse nos industries à se délocaliser, et de compétitivité intra-européenne car, hors zone rhénane, faute de pouvoir dévaluer à l’intérieur de la zone euro, les autres pays ne règlent plus leurs problèmes de compétitivité et voient leurs exportations s’effondrer. Pour sauver le monstre qu’ils ont créé, les docteurs Folamour de la monnaie unique veulent imposer aux Etats en