C'est le terrain sur lequel les deux ténors de la primaire socialiste ont choisi de s'opposer frontalement : celui du marché du travail. «Emplois d'avenir» pour Martine Aubry, «contrats de génération» pour François Hollande, chacun des deux candidats a défendu jeudi soir «sa» mesure pour l'emploi. En réalité, Aubry ne fait que reprendre une proposition inscrite dans le projet socialiste… approuvé par Hollande. Ce qui limite grandement les possibilités de critique durant la primaire.
Conçus sur le modèle des emplois jeunes de 1997, ces 300 000 postes de travail, financés par l’Etat et d’une durée de cinq ans, doivent accompagner la croissance durable de la France (diagnostiqueurs énergétiques, aides à domicile…). Coût : 3 milliards d’euros tirés de la suppression des heures sup défiscalisées. Une mesure aux airs de déjà-vu, mais qui a le mérite d’être prévisible dans ses effets.
Pour se démarquer, Hollande a sorti du chapeau son «contrat de génération». «Une grande idée, a-t-il expliqué, qui permet à l'employeur qui va garder un senior et qui va embaucher un jeune de moins de 25 ans en CDI de ne pas payer de cotisations sur les deux emplois.» Montant : 8 milliards, financé en puisant dans l'actuel système de baisse de charges sur les bas salaires. Près de trois fois plus cher que les emplois d'avenir, persiflent les aubrystes, et avec le risque d'un gros effet d'aubaine. «Si tel était le cas, il n'y aurait pas de chômage des jeunes»,