Le DRH s'avance, puis recule subitement. Juste à temps pour éviter la bouteille d'eau qui, après un court vol dans les airs, vient s'écraser à ses pieds. Pas de chance pour l'huissier planté à ses côtés, qui n'a pas eu le temps de prendre une photo. Quelques «Montupet, enculé» fusent de la petite foule d'ouvriers, avant de se dissiper dans la fumée du barbecue.
Fonderie du Poitou, mercredi, dans la banlieue de Châtellerault (Vienne) : la centaine de fondeurs rassemblés devant l'usine achèvent leur troisième semaine de grève, sous le regard narquois et pesant d'une partie de la direction. On boit du rouge tiré du cubi en plastique, on avale joyeusement les hot dogs financés par la caisse de soutien et, entre deux bouchés de merguez bon marché, on s'étrangle - une nouvelle fois - en évoquant «le projet des patrons». Un «plan de compétitivité» tombé cet été du siège parisien, et qui exige des ouvriers une baisse d'un quart de leur rémunération. Avec, en cas de refus, la menace clairement exprimée de finir dans la future charrette d'un plan social. Inacceptable pour les 480 employés du site (dont 330 ouvriers), dont beaucoup s'interrogent désormais sur les intentions réelles des actionnaires. Tout en exprimant une défiance de plus en plus prononcée à l'endroit du monde patronal.
Cash. Ancienne filiale de Renault, passée entre les mains de quatre propriétaires différents en dix ans, la Fonderie du Poitou, fabricant de culasses pour l'industrie aut