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interview

«L'inflation, une solution pour alléger la dette publique»

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Des personnes font leurs courses dans un supermarché, le 9 mars 2009 à Grigny, près de Lyon (© AFP Jean-Philippe Ksiazek)
par Recueilli par Dominique Albertini
publié le 4 octobre 2011 à 11h08
(mis à jour le 4 octobre 2011 à 14h37)
En Europe, en France, aux Etats-Unis, l'inflation s'établit à des taux supérieurs aux objectifs. Dans les pays émergents, elle est galopante et provoque des tensions sociales. Professeur d'économie à l'Université Paris-Dauphine, auteur d'«Inflation et désinflation» (éditions La Découverte), Pierre Bezbakh analyse le phénomène.

Pourquoi l'inflation s'accélère-t-elle en Europe et en Amérique?

Attention, quand on parle d'inflation, il ne faut pas confondre des hausses ponctuelles des prix et un véritable processus de long terme. Bien sûr, ces chiffres ont du sens. Mais l'inflation au sens strict est un processus cumulatif, pérenne. Il est donc un peu tôt pour dire que les prix vont vraiment augmenter. Il me semble qu'il y avait en 2008 des signes plus probants de reprise de l'inflation, mais l'année suivante, on en était revenu à une certain modération.

Il ne faut donc pas craindre un retour à la stagflation, c'est-à-dire l'alliage entre une inflation forte et une croissance atone?

On ne peut l'exclure complètement, mais ce qui ressort de ces dernières années, c'est que la hausse des prix est corrélée à des taux de croissance relativement forts: voyez l'exemple de la Chine.

Quelles sont les causes de l'inflation?

Selon moi, il s'agit d'abord du coût des matières premières. La croissance, même faible, des pays du Nord, et celle, forte, des pays du Sud, fait que la demande mondiale augmente. En même temps, la production ne suit pas forcément le rythme, pour des raisons techniques, climatiques, de manque d'investissements... A quoi s'ajoute une spéculation d'agents qui jouent à la hausse, même si l'importance du phénomène reste à évaluer. Le facteur traditionnel de l'inflation, le coût salarial, n'est pas en jeu ici, car les salaires n'