Apple fut sans doute, en 1976, la contribution la plus souterraine mais aussi la plus décisive à l'émergence du mouvement punk. Née, comme les groupes de cette nouvelle scène, dans un garage, la compagnie de Steve Jobs et Steve Wozniak participe d'une même révolution culturelle. Le mot d'ordre pourrait en être ce qui deviendra dix ans plus tard la célébrissime baseline d'un autre logo culte de la côte Ouest : just do it. Traduction : pas besoin de savoir jouer de la guitare pour s'en servir et enregistrer des disques.
Au moment creux où le rock s'égare dans des délires progressifs pompiers glam ou virtuoses et vains, des jeunes gens modernes entrent en studio pour y graver des chefs d'œuvres instantanés. Le monde se scinde alors en deux : d'un côté de laborieux « musicos », artisans obsédés par leur technique ; de l'autre, des artistes. D'un côté des geeks, de l'autre des amateurs au sens fort. Plus que toute autre entreprise Apple aura participé de ce gigantesque empowerment. Tournant le dos à l'informatique pour l'informatique comme d'autres avant-gardes tournèrent autrefois le dos à l'art pour l'art, la marque à la pomme s'est depuis constamment échinée à produire des outils dont, contrairement à ce qui est souvent étrangement affirmé, les usagers ne seraient pas les esclaves. La preuve : ils n'essayent jamais de les ouvrir ou de les démonter.
Punk mais orientées vers le futur, les machines de Jobs et ses amis, soft ou hardware, nous auront permi