Derrière le paysage d'objets mobiles, tactiles et systémique d'Apple, il y a Steve Jobs omniprésent. Mais il travaillait en équipe, particulièrement avec le designer en chef britannique, Jonathan Ive. Ensemble, ils ont conçu des objets archétypaux, tels des boîtes ou monoblocs blancs, noirs ou fluos, comme «non conçus». Du «no design», qui fait écho directement au «design super normal» défendu par l'Anglais Jasper Morrison. Depuis trente ans, le système Apple est forcément connecté avec l'univers des designers, comme leur outil de travail privilégié mais également stimulant pour leurs recherches.
Le designer Jean-Louis Fréchin, enseignant à l'Ensci de Paris (Ecole nationale supérieure de création industrielle), retient avant tout l'iPod. «Pour la première fois, une interface devient un objet,c'est déterminant pour passer aux objets augmentés que je conçois aujourd'hui.» Pour lui, Steve Jobs fait partie des entrepreneurs pionniers, dans la lignée de Peter Behrens pour AEG ou Dieter Rams pour Braun. «Il est à la fois le représentant de la culture post-californienne mais aussi de valeurs européennes. Il a fait appel à l'Italien radical Ettore Sottsass et rendait hommage au graphiste américain Paul Rand. Il a su donner un usage culturel aux machines. C'est la définition du bon design.»
La designer Matali Crasset ne cesse de plancher sur un design multifonctionnel et hybride. Elle qui a travaillé chez Thomson s'est confrontée à la complexité des