Vaste cirque au fond mamelonné, le Trièves a tout du paysage bucolique de la ruralité oubliée. Situé au sud de Grenoble, façonné par les formes incisives des roches et la douceur des vallons, ce territoire est devenu depuis deux ans le laboratoire français de «la transition», un mouvement né en Grande-Bretagne en 2006, qui s’attache à réduire notre dépendance au pétrole.
L'idée est bête comme chou : le pic pétrolier étant dépassé, l'énergie va se raréfier, son prix se renchérir, il faut donc réduire la part de pétrole engloutie quotidiennement. La chasse au gaspi se fait dans les trois postes les plus énergivores : logement, transports, alimentation. C'est dans la ville de Totnes, dans le Devon, que Rob Hopkins, professeur de permaculture, a mis en œuvre cette résilience. Plantation d'arbres, utilisation de friches pour des jardins partagés, taxis alternatifs gratuits, microbarrage à réhabiliter… Toutes les initiatives sont bonnes pour la désintox. «Nous ne pourrons pas tout changer avant que le pétrole soit cher, plaide Benoît Thévard, en charge du site Avenir-sans-petrole.org. Et nous n'échapperons ni aux effets du changement climatique, ni à notre dépendance à l'or noir. Quelle sera notre capacité à absorber ces changements ? C'est le sens de la transition.»
Depuis 2009, date de la traduction de l'ouvrage de Hopkins, Manuel de transition, une centaine d'initiatives ont germé en France. «Le Trièves est le cadre idéal pour essayer l'après-pétrol