Le romancier Vassilis Alexakis partage sa vie entre Paris, l'île de Tinos et Athènes où il est né. Lui qui écrit aussi bien en grec qu'en français a une prédilection pour les mots comme en témoignent certains de ses titres : la Langue maternelle (prix Médicis en 1995) ; les Mots étrangers ; le Premier Mot. Trop concentré sur son roman à venir, il n'a pas souhaité écrire lui-même le texte que nous lui réclamions sur la crise qui secoue son pays et, au-delà, l'Europe tout entière. Mais il a accepté de nous rencontrer, vendredi soir dans un café parisien, pour parler à bâtons rompus. Sans mots compliqués. Usant même volontiers d'un argot parisien délicieusement enrobé d'accent grec. Ce n'est peut-être pas un hasard si, en ces temps mouvementés, le mot qui lui échappe le plus souvent est «merrrrrrde».
Comment expliquez-vous que la Grèce en soit arrivée là ?
La Grèce vit davantage dans le passé que dans l’avenir. Elle en tire une grande vanité. Forcément, à force de vivre dans le passé, les Grecs ne croient plus en l’avenir. Et ça encourage l’endettement. Cette population est un mélange de légèreté incroyable et de refus féroce d’envisager la suite. Oui, c’est ça, la Grèce est une très vieille histoire sans suite. Ce qui explique aussi qu’il n’y ait pas eu de dynamisme économique dans ce pays. On fait des choses pour gagner vite un maximum d’argent et le dépenser très rapidement. Pas pour l’investir. Ma grand-mère était comme ça. Elle était de Santorin. Elle avait une toute petite retraite et, chaque premier d