Henri Sterdyniak, directeur du département économie de la mondialisation à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) estime que seule une garantie de la Banque centrale européenne (BCE) sur les dettes souveraines ferait cesser la spéculation.
Pourquoi doit-on se moquer de perdre notre triple A ?
Aucun pays développé n'a fait faillite de 1945 à 2010 ! Donc cette histoire des agences de notation qui se permettent de noter les Etats par crainte d'une défection est proprement ridicule, puisque l'événement ne s'est jamais produit. S'il advenait que la France ne puisse pas rembourser, ce serait une catastrophe telle qu'aucune institution financière ne survivrait et pourrait payer les CDS [credit default swap, c'est-à-dire les indemnités en cas de défaut, ndlr]. Les banques et les compagnies d'assurance ont besoin d'actifs sans risque pour garantir leur passif. Si la dette publique, qui est le plus sûr des actifs, devient sujette à caution comme le font croire les agences de notation, alors, par contamination, elles deviennent des institutions à risque et le système financier et bancaire se bloque. C'est ce que l'on voit depuis un mois.
Donc, il faut se boucher les oreilles ?
Revenons à la situation actuelle. Les agences dégradent les banques en disant qu’elles ne pourraient résister à un défaut des Etats. Donc, on demande aux Etats de recapitaliser les banques. Et on remet une couche aux difficultés des Etats en augmentant encore la dette publique. Ce qui fragilise encore plus les banques… Et on tourne ainsi en rond. Les anticipations des marchés s