Pour Nicolas Bouzou, économiste d’obédience libérale directeur de la société d’analyse économique et financière Astères, une dégradation de la note de la dette française, comme menaçait de le faire Moody’s la semaine dernière, pèserait sur les finances publiques hexagonales et pourrait compromettre l’équilibre du couple franco-allemand.
Serait-ce très grave que la France perde son triple A, la note maximale ?
C’est plus qu’embêtant, c’est dramatique. C’est le triple A qui permet à notre pays d’emprunter à des taux extrêmement avantageux - de l’ordre de 3% à dix ans -, du fait que cette note offre une garantie de remboursement aux prêteurs. En outre, les réglementations financières internationales imposent aux établissements bancaires et aux compagnies d’assurances de détenir un certain stock de dettes souveraines d’Etats sûrs, comme gage de qualité de leur bilan. Plus la situation s’est dégradée en Italie et en Espagne, plus la France a bénéficié de taux bas ces derniers temps. Aujourd’hui, le risque est de voir ces financements se replier sur l’Allemagne, l’Autriche, les Pays-Bas et d’autres pays de la zone euro qui auront gardé leur triple A.
Pourtant les Etats-Unis n’ont pas été tellement sanctionnés par les marchés après la perte de leur triple A cet été…
La différence, c’est que le marché obligataire américain est un marché énorme et très liquide, où des détenteurs de réserves en dollars, comme la Banque de Chine, peuvent très facilement acheter des titres sans frais de change. Autre différence, la Banque centrale européenne, contrairement à la Réserve fédérale américaine, ne monétise pas la dette et n’est pas autorisée par les traités à racheter les obligati