Le mastodonte Eiffage est sous le choc. Au siège de l'entreprise, à Asnières (Hauts-de-Seine), c'est silence radio sur le Carlton de Lille. Pas question d'alimenter la polémique sur une affaire «pas terrible pour l'image», confie une source interne. Le numéro 3 français du BTP, célèbre pour avoir érigé le viaduc de Millau, se dit victime «d'actes individuels qu'il condamne fermement». Le groupe a ouvert une enquête, porté plainte, et mis à pied David Roquet (lire ci-contre). Un directeur régional aurait aussi été mis à pied. L'affaire tombe d'autant plus mal qu'Eiffage construit le Grand Stade de Lille. Ce qui n'a rien à voir avec l'affaire, puisque la filiale dirigée par David Roquet ne participait pas au chantier, insiste-t-on en interne. A la base, les salariés font bloc. «Ils parlent peu de cette histoire», assure un syndicaliste. «On fait confiance à l'éthique de la direction», ajoute un autre, qui raconte que plusieurs brebis galeuses avaient déjà été sanctionnées à la fin des années 2000.
Ces réactions s’expliquent par une particularité d’Eiffage : 85% des 60 000 salariés français sont actionnaires, et même les premiers (26,2% du capital). Un attachement à l’entreprise renforcé par la longue et violente bataille, menée par la direction et les syndicats, contre la tentative de rachat hostile de l’espagnol Sacyr. Jusqu’à la victoire de 2008, obtenue grâce au soutien actif de l’Elysée, soucieux de préserver ce fleuron. L’Etat e