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Libération
Interview

«Mon mot d’ordre, c’est Keynes à Bruxelles !»

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Daniel Cohn-Bendit, coprésident du groupe Verts au Parlement européen et partisan du fédéralisme :
Daniel Cohn-Bendit, le 8 mars 2010 à Strasbourg (© AFP Patrick Hertzog)
publié le 27 octobre 2011 à 0h00

Pour le coprésident du groupe Verts au Parlement européen, Daniel Cohn-Bendit, la crise impose à l'UE d'accélérer le saut politique vers «une fédération des Etats-Unis d'Europe».

L’enjeu de cette crise est-il vraiment rien moins que la guerre ou la paix ?

L’Europe telle qu’elle s’est forgée nous a été imposée par la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, c’est la guerre économique, ce sont les marchés, immoraux comme la guerre est immorale, qui nous imposent ce choix : baisser les armes et se rendre, ou passer à la vitesse supérieure vers la fédéralisation. A-t-on les idées, les personnalités capables de saisir la balle au bond ? Voilà la question. J’y ajoute une dimension absente : la crise écologique liée à la dégradation climatique. Toute dette est remboursable, sauf la dette écologique.

Comment l’Europe peut-elle en arriver là ?

La réalité est devenue trop complexe pour la méthode de décision intergouvernementale qui a prévalu depuis soixante ans. Cette méthode revient à une juxtaposition des cultures politiques nationales. Les Etats prennent des engagements qu’ils ne veulent pas, ou ne peuvent pas, ensuite, respecter. Ils font l’impasse sur la convergence sociale, sont incapables de trouver des accords sur l’environnement. Mais, à chaque crise, l’Europe découvre les vices de sa construction précédente. Sans la réunification de l’Allemagne et la peur de Mitterrand d’une hégémonie allemande, il n’y aurait pas eu de monnaie unique. Auj