«Les Français, il faut leur faire du théâtre !» affirmait Georges Pompidou en un temps où la République mimait volontiers la geste monarchique. Mais l'époque a-t-elle vraiment changé ? Dans une émission de télévision taillée sur mesure, Nicolas Sarkozy a fait face avec l'habileté d'un homme politique en campagne qui sait que l'adversité et le gros temps forgent les caractères et surtout les statures. Mais une explication en majesté, fut-elle donnée pour l'histoire et depuis l'Elysée, devant plusieurs millions de Français, ne saurait tenir de moment de vérité démocratique. Il y a quelque chose qui cloche dans ce grand drame européen et ses rituels organisés. Et il y eut un regrettable non-dit dans cette émission souvent lénifiante. On a vu un président français, drapé dans ses habits bonapartistes de sauveur universel, expliquer devant les caméras qu'il avait tranché des dossiers décisifs pour l'avenir de l'Europe et même du monde. Mais outre-Rhin, le scénario fut tout autre : une culture - tout autant qu'une solide pratique - démocratiques a imposé à la Chancelière de venir s'expliquer et discuter devant son Parlement, avant tout accord européen. L'un l'a joué en solo dans une tradition nationale ultraclassique, quand l'autre a tenu à débattre, à dessiner une feuille de route avec les représentants du peuple et les grands partis du pays. Il ne faudrait pas qu'en France - sauf à vouloir jouer le jeu du populisme - ces décisions - sans doute inévitables - ne passent p
EDITORIAL
Bonapartiste
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L'intervention télévisée de Nicolas Sarkozy le 27 octobre 2011 dans un bar à Lyon. (Photo Jean-Philippe Ksiazek. AFP)
par Vincent Giret
publié le 28 octobre 2011 à 0h00
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