Une opération coup-de-poing au cœur de New York. Devant la bibliothèque publique, sur la 42e Rue, ils ne sont pas encore très nombreux vendredi soir, mais depuis plusieurs heures déjà, le quartier est sous étroite surveillance policière. Des centaines d'hommes en uniforme ont été déployés et veillent au grain. Sur le trottoir, Austin, un militant d'Occupy Wall Street, montre les 7 000 lettres «d'Américains en colère» que les manifestants s'apprêtent à aller délivrer aux cinq plus grandes banques du pays.
«Aujourd'hui, nous marchons vers Bank of America et compagnie pour nous faire les porte-voix de tous ceux qui n'en peuvent plus de voir la finance nous précipiter dans la crise», lance-t-il dans un cri. La foule reprend en chœur et commence lentement à se mouvoir. Cette «marche symbolique» marque la dernière action en date d'un mouvement qui n'en finit plus de se faire entendre. Depuis six semaines qu'il a investi Zuccotti Park dans le sud de Manhattan (lire ci contre), pour protester contre les inégalités et la mainmise du monde de la finance sur la politique, Occupy Wall Street s'est peu à peu imposé dans le paysage politique américain.
Frustrée. Etendue à plus d'une centaine de villes aux Etats-Unis, la contestation a gagné le soutien de l'opinion publique (entre 35% et 54% des Américains disent y être favorables selon les sondages), et su rallier à sa cause une classe moyenne de plus en plus frustrée face au m