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Libération

Europe : des dettes de moins en moins souveraines

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publié le 1er novembre 2011 à 0h00

Si d’aventure il prenait au peuple saoudien de se soulever contre un régime essentiellement féodal, la France serait-elle du côté des rebelles ? Parions que non : car, alors qu’éclaterait la révolte, un représentant de la France viendrait sans doute de quitter Riyad, ou se préparerait à s’y rendre, pour une mission autrement plus importante que la défense de la démocratie : vendre les titres de la dette française.

Les responsables de France Trésor, agence chargée de gérer la dette et de placer les nouveaux emprunts au meilleur prix, passent ainsi une part importante de leur temps à accomplir des «road shows» planétaires, vantant aux prêteurs potentiels la fiabilité de l'Etat français, sa solidité financière, la qualité de sa signature. Tout autant que celle de l'approvisionnement en pétrole, la sécurité du financement du déficit public contraint désormais fortement la politique étrangère de la France.

Gageons que la demande adressée à la Chine d’investir massivement dans le Fonds européen de stabilité financière (FESF) n’est pas non plus la meilleure des nouvelles pour les défenseurs des droits de l’homme.

Depuis belle lurette, la question n’est plus de savoir si la France peut conserver sa pleine et entière souveraineté ; plus que jamais, l’enjeu est de déterminer quelle part de celle-ci doit être transférée, à qui, et comment. Ce n’est pas pour respecter les critères de Maastricht qu’il est suicidaire de laisser courir le déficit public et se creuser la dette : c’est