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Analyse

La démocratie de la zone euro sujette à caution

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En s’imposant de facto, les décisions du couple franco-allemand empiètent sur les souverainetés nationales.
par Jean Quatremer, (à Cannes)
publié le 3 novembre 2011 à 0h00

L’annonce du référendum grec a une nouvelle fois rappelé que les «Etats-Unis d’Europe» sont encore loin. Très loin. Même si elle dispose d’une monnaie unique - devenue la seconde devise de réserve mondiale derrière le dollar - et d’une Banque centrale puissante, la zone euro demeure un assemblage hétéroclite de dix-sept démocraties nationales, dont les gouvernements restent soumis aux aléas de la vie politique intérieure et où les décisions se prennent à l’unanimité : un Etat peut bloquer tous les autres à chaque instant et mettre en péril la monnaie commune.

Certes, dans l’urgence de la crise des dettes souveraines, les Dix-Sept ont bricolé un «gouvernement économique». Mais celui-ci n’est, en réalité, qu’un directoire franco-allemand qui impose de plus en plus brutalement ses vues à ses partenaires au nom du principe du «payeur-décideur». Autant dire que la légitimité des décisions prises à Bruxelles est pour le moins sujette à caution.

C’est dans ce contexte de malaise démocratique, qui menace aussi sûrement que les marchés financiers la pérennité de la zone euro, que s’inscrit le référendum grec. En effet, les décisions prises par le couple Merkel-Sarkozy, et endossées par le Conseil européen des chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro, touchent désormais, avec les politiques économiques et budgétaires, le cœur même des souverainetés nationales. Car, avec la crise, le contrôle de la zone euro sur les finances publiques nationales s’est resserré, la monnaie unique é