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Analyse

Le bateau ivre européen

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Pourtant rompue aux crises, l’Europe peine à digérer le drame grec et à palier son absence de gouvernance. Les opinions publiques, elles, se tournent les unes contre les autres.
publié le 4 novembre 2011 à 0h00

L'Allemagne et la France, qui pèsent pour 50% dans l'économie de la zone euro, ont mis sèchement la Grèce (2% du PIB européen) au pied du mur : soit elle accepte les conditions du plan de sauvetage forgé par Paris et Berlin, soit elle sort de l'euro. Un scénario tellement impensable que les textes régissant l'Union économique et monétaire ne prévoient même pas de clause de sortie de la monnaie unique. La Commission européenne, gardienne des traités, n'a d'ailleurs pas été longue à mettre les points sur les «i» : on ne peut sortir de la zone euro qu'en sortant carrément de l'UE, a pointé hier à Bruxelles une porte-parole de la Commission, Karolina Kottova. De fait, le traité de Lisbonne, entré en vigueur en décembre 2009 après l'échec du projet de Constitution européenne, prévoit le droit, nouveau, pour tout Etat membre de «décider, conformément à ses règles constitutionnelles, de se retirer de l'UE».

La Grèce veut-elle retourner vivre toute seule, à côté de son voisin turc et aux confins balkaniques ? Envisager cette issue est une arme atomique à la hauteur de la gravité de la crise qui secoue aujourd’hui tout l’édifice bâti pierre à pierre depuis l’époque de pères fondateurs. Et jamais la maison Europe, pourtant passée maître depuis soixante ans dans l’art de surmonter les crises, n’a donné le spectacle de rixes aussi violentes entre pays soit disant «amis».

Dans cette ambiance de sauve-qui-peut général, la chancelière Angela Merkel et le président Nicolas Sarkozy se