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Analyse

D’Athènes à Rome, il y a un fossé

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Fébrile, l’Italie conserve des atouts économiques et est indispensable à l’UE.
par Eric Jozsef, Rome, de notre correspondant
publié le 5 novembre 2011 à 0h00

Le spectre grec hante son voisin méditerranéen. Avec des taux qui dépassent désormais les 6% sur les emprunts à dix ans, le financement de la dette italienne de 1 900 milliards d'euros (120% du PIB) devient préoccupant. Voire alarmant. «Si ça continue, nous ne trouverons plus personne pour nous prêter de l'argent», a mis en garde Enrico Letta, ancien numéro 2 du gouvernement Prodi entre 2006 et 2008. «Ce n'est pas de notre faute si nous avons hérité d'une dette publique aussi énorme», se défend aujourd'hui Silvio Berlusconi, rappelant que l'essentiel du trou a été creusé dans les années 70 et 80.

Reste que les efforts effectués durant la décennie suivante, et qui avaient permis d'inverser la tendance et de retomber à moins de 110% en 2000, ont été gommés depuis. En raison notamment d'une croissance atone, systématiquement en dessous de la moyenne de l'UE depuis une dizaine d'années, et alors que l'Italie, désormais dans l'union monétaire, ne peut plus avoir recours aux dévaluations compétitives et à la relance par la consommation. Dans le sillage de la crise mondiale, le PIB de la péninsule a reculé de 5,1% en 2009. Malgré une croissance nulle au deuxième semestre 2011, l'horizon n'est toujours pas dégagé. Ce qui inquiète les marchés. Mais, pour Silvio Berlusconi, il s'agit avant tout de «manœuvres spéculatives», qui ne reflètent en rien la solidité réelle du pays.

«Solvables». De fait, le chef du gouvernement italien n'a pas totalem