Mélancolie. Le mot vient à l'esprit de Jean-Claude Trichet, 68 ans, ni usé, ni fatigué, mais «mélancolique à l'idée de partir maintenant». Avec une pointe d'amertume à l'égard des politiques qui ont mis un temps fou à comprendre l'extrême gravité de la crise débutée en 2007 et rechignent toujours - la peur de perdre une once de pouvoir - à adopter les mesures radicales nécessaires pour sauver l'euro. Pour lui, le temps des grands politiques, qui avaient une expérience directe de la Seconde Guerre mondiale, est passé. Ni Jacques Chirac, ni Nicolas Sarkozy, ni Angela Merkel ne paraissent pas figurer dans son panthéon privé, même s'il ne cite jamais aucun nom. Jean-Claude Trichet est un homme poli. Mais l'euro pourrait ne pas survivre. Et c'est ce qui plonge dans la mélancolie le président de la Banque centrale européenne (BCE), malgré les acclamations et les honneurs qui ont salué son départ lundi dernier.
Ancien haut fonctionnaire français devenu l'un des banquiers centraux les plus puissants et les plus respectés de la planète, Jean-Claude Trichet avait rêvé d'un autre clap de fin. L'Européen convaincu ne cache pas sa tristesse de ne pas avoir mené à terme «la bataille», celle qu'il a conduite pour installer l'euro, alors que la zone euro fait face, comme tous les pays avancés, à «la crise la plus grave depuis la Seconde Guerre mondiale» : «Mon mandat est de huit ans non renouvelable - un élément important de l'indépendance de la Banque centrale - mais q