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Libération
TRIBUNE

De la démocratie athénienne à la «debtocratie»

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par Aris Chatzistefanou, Co-réalisateur du documentaire Debtocracy
publié le 8 novembre 2011 à 0h00

Pour nombre d’Européens, de même que pour l’élite économique, la crise de la dette vécue par la Grèce et d’autres pays de la périphérie européenne est une question financière qui doit être réglée par les ministres, économistes et membres de la bureaucratie européenne et par le FMI.

Pour les Grecs, c'est une grave crise sociale, politique, morale et humanitaire. Une crise qui fait peser une menace directe non seulement sur les conditions de vie de la population, mais aussi sur la souveraineté nationale, la démocratie et la paix sociale. Les institutions créées après la chute du régime des colonels en 1974 sont cliniquement mortes. C'est précisément cette transformation de la démocratie en «debtocratie» que nous avons essayé de décrire dans notre documentaire il y a quelques mois.

Malheureusement, le rythme de la destruction a surpassé même nos plus horribles prévisions. Le chômage a grimpé en flèche dans le secteur privé, avec sept sociétés sur dix qui licencient leurs employés. Le nombre des sans-abri a augmenté de 25% et les suicides de 40%. Le secteur public, bête noire des médias, se désintègre en raison de l’exode massif des fonctionnaires dû aux mesures d’extrême austérité que le gouvernement impose, tandis que la dette explose. Les organisations humanitaires qui travaillaient en Afrique subsaharienne sont à Athènes pour affronter une sévère crise humanitaire - qui, pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, laisse de nombreuses familles face à une