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Libération

Crise, l’étrange tentation du chaos

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publié le 14 novembre 2011 à 0h00

Et si on tournait le bouton ? Et si on renonçait à comprendre ? A quoi bon, après tout ? L’angoisse de la faillite des Etats, de l’éclatement de l’Europe suscite parfois d’étranges envies de décrochage. Elle ne ressemble pas aux autres paniques médiatiques. L’angoisse, normalement, est vendeuse. Réchauffement planétaire, insécurité, submersion musulmane ou islamiste, menace du Front national, chômage, baisse du niveau scolaire : autant d’angoisses, plus ou moins fondées, régulièrement agitées avec succès par les unes de la presse et les titres des JT, et qui ne nous dissuadent pas de consommer de l’information. D’où vient, à propos de la crise de la dette, cette étrange tentation de tout laisser tomber, d’abandonner le combat ? La technicité de la question, c’est vrai, peut être décourageante.

Mais la dette n'est pas intrinsèquement plus technique que d'autres questions. Après tout, le rôle exact du CO2 dans le réchauffement, l'exégèse du Coran sont des points tout aussi complexes, sur lesquels nous sommes tout aussi incompétents, et ils ne nous dissuadent pourtant pas de continuer à «acheter» les feuilletons. Mais cette angoisse de la faillite, de la catastrophe finale, du chaos, personne ne l'explique de manière crédible.

Pour les gouvernants à la barre, cocapitaines du Titanic, le souci d'informer les peuples passe naturellement derrière celui d'adresser des messages aux agences de notation, et aux «marchés». Sommet «de la dernière chance» devant débouc