«Si je n'avais pas ma mère pour m'aider, je serais en train de dormir sous les ponts et de quémander comme un mendiant. Je n'arrive pas à croire que ce pays ait pu en arriver là et nous faire tomber si bas.» Isidro Hernandez, 47 ans, madrilène du quartier populaire de Tetuán, a perdu tout espoir de retrouver un jour un emploi. Dans sa vingtaine, il s'était fait une spécialité dans la réparation de photocopieuses : les salaires n'étaient pas mirobolants, entre 1 000 et 1 300 euros mensuels, mais les employeurs ne manquaient pas et il s'en satisfaisait. Ce célibataire endurci n'a jamais éprouvé le besoin d'abandonner l'appartement de sa mère, une veuve touchant une maigre retraite et la pension d'invalidité de son défunt mari, et qui arrondit ses fins de mois grâce à des travaux de couture, non déclarés bien sûr.
Obole. Comme d'innombrables Espagnols, Isidro a fait les frais de la dégringolade économique du pays, aujourd'hui au bord de la récession (pour 2012, les prévisions de 1% de croissance du gouvernement sont jugées optimistes), dans le collimateur des agences de notation (en deux semaines, Fitch, Moody's et Standard & Poor's ont baissé de deux crans sa qualification) et avec un taux de chômage de 22%. Isidro en sait quelque chose : en 2008, lorsque la bulle immobilière implose, il perd son dernier emploi de technicien en photocopieuses. Pendant un an, il touche des allocations mensuelles de 724 euros. Lorsqu'elles expirent, il obtient le sub