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Crise financière : les politiques à marchés forcés

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Après les démissions successives des Premiers ministres grec et italien, des voix dénoncent une dictature boursière. Pas si simple…
Le Premier ministre grec Lucas Papademos devant le Parlement à Athènes le 14 novembre 2011. (© AFP Louisa Gouliamaki)
publié le 15 novembre 2011 à 0h00

Sommes-nous en train de vivre sous la dictature des marchés ? A y regarder d’un peu loin, cela y ressemble drôlement. En une semaine, sous l’effet de la pression de la finance, la Grèce et l’Italie ont dû débarquer avec perte et fracas leur Premier ministre. Pour les remplacer par des gouvernements dirigés par un technocrate. A Athènes, le nouveau responsable, Loukas Papademos, est un ancien vice-président de la Banque centrale européenne. A Rome, le professeur d’économie Mario Monti, ex-commissaire européen qui a vénéré la concurrence libre et non faussée, a lui émargé à la banque américaine Goldman Sachs. Aucun n’a de légitimité démocratique, mais chacun dispose d’une crédibilité censée rassurer les fameux marchés.

Pression. «On assiste à la grande revanche de la pensée unique», sourit Alain Minc. Celle de la lutte contre les déficits publics. Et la défense de notre triple A (qui permet d'emprunter à faible taux sur les marchés) est érigée par la classe politique au rang de patrimoine national. Dans le Journal du dimanche, Jean-Pierre Jouyet, patron de l'Autorité des marchés financiers et, accessoirement, intime de François Hollande, déclarait : «Les marchés font pression sur le jeu démocratique […]. Et, à terme, les citoyens se révolteront contre cette dictature de fait.» Hier, sur les ondes de France Inter, Arnaud Montebourg, autre soutien de Hollande, n'y est pas allé avec le dos de la petite cuillère dénonçant une finance