«Ça sert à quoi le pouvoir, sans la puissance d'agir ?» Dans l'excellent film de Pierre Schoeller, l'Exercice de l'Etat, un haut-fonctionnaire désabusé compare la puissance publique à une vieille chaussure qui a pris l'eau, avant d'annoncer à son ministre qu'il court pantoufler dans le privé… Qui gouverne vraiment aujourd'hui ? Les politiques ont-ils capitulé devant le pouvoir cynique des marchés financiers ? A l'heure où les gouvernements tombent en rafale, un sentiment profond de dépossession étreint les peuples de l'Europe, comme jamais, sans doute, depuis la naissance de l'Union. Le pouvoir politique n'est plus simplement contesté ou encadré, il semble se dissoudre ou s'effacer devant les intérêts d'un capitalisme financier dont l'ascension, depuis vingt ans, n'a pas connu de limites. Les actionnaires des grandes banques pourraient en témoigner : tous échappent à l'austérité décrétée par les gouvernements ! A y regarder de près, pourtant, il n'y a pas plus de dictature que de complot contre la démocratie. Mais cette dernière doit désormais composer dans un jeu de rapports de forces permanents avec une pléiade d'acteurs - économiques, financiers, associatifs -, une interdépendance croissante des économies, et de nouvelles règles de droit, toutes votées par les Parlements nationaux. Si le pouvoir politique n'est plus en position de monopole, il n'a donc nullement disparu. Mieux : l'histoire de la philosophie politique nous rappelle que la crise et la guer
EDITORIAL
Pouvoir
Article réservé aux abonnés
La crise et ses dégâtsdossier
par Vincent Giret
publié le 15 novembre 2011 à 0h00
Dans la même rubrique