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Libération

Sortir de la crise : la responsabilité de la BCE

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publié le 15 novembre 2011 à 0h00

Dans le monde d’avant la crise de 2008, le rôle de la Banque centrale européenne (BCE) était simple : ajuster ses taux directeurs pour maintenir l’inflation autour de 2%. Les pays de la zone euro avaient donné à la BCE l’indépendance pour conduire cette politique monétaire de ciblage de l’inflation. La politique fiscale et la gestion de la dette restaient du ressort des Etats-membres. Les statuts de la BCE interdisaient tout financement des obligations financières des Etats par de la création monétaire, établissant une frontière étanche entre politique monétaire et politique fiscale.

Le mandat restrictif de la BCE tournait le dos à plusieurs siècles d’histoire monétaire. En effet, la quasi-totalité des banques centrales créées avant 1900 le furent pour permettre de financer les Etats en situation de guerre. Les Etats concédaient un pouvoir de création monétaire aux banques centrales. Celles-ci, en échange, finançaient les Etats, en particulier dans les situations exceptionnellement dramatiques. Un temps abandonnée au nom de la maîtrise du risque inflationniste, cette pratique fut reprise et parfaitement assumée durant la crise par la Réserve fédérale américaine et la Banque d’Angleterre. Entre avril 2009 et aujourd’hui, la Réserve fédérale américaine a acheté et a monétisé pour 1 200 milliards de dollars de dette publique. C’est bien grâce à l’intervention massive de leur banque centrale que les Etats-Unis et l’Angleterre, qui ont pourtant des ratios très élevés de dette publ