«Les gars nous appellent pour nous féliciter de cette victoire !» A Seafrance, on n'est pas à un paradoxe près. Une liquidation judiciaire avec poursuite de l'activité pour deux mois et demi, des cris de joie sur les quais de Calais à l'annonce de la nouvelle, hier midi, et une CFDT ravie. Au local du syndicat majoritaire, c'était ambiance des jours de fête avec sourires aux lèvres, défilé des marins cédétistes venus se réjouir de la décision prise par le tribunal de commerce de Paris, et café chaud pour tout le monde. «Mardi encore, on ne pouvait pas dire ce qui allait se passer, alors c'est un soulagement», explique François Legall, secrétaire général de l'Union fédérale maritime de la CFDT.
Craintes.«A 5h30 ce matin [hier, ndlr], poursuit-il,il y avait plus de 1 000 CRS sur les quais de Calais, des gens qui partaient au travail, à qui on disait de rentrer chez eux.» La direction avait laissé les ferries à quai, par crainte «de débordements», et pour «garantir la sécurité des passagers et l'intégrité du personnel et des biens», dixit la note d'information diffusée au personnel. Les salariés déjà en poste refusent alors de quitter les navires, l'inquiétude et la tension montent d'un cran, les bruits de couloir explosent. Deux craintes : que le tribunal prononce la liquidation judiciaire pure et simple de Seafrance, ou accepte l'offre de reprise déposée par Louis Dreyfus Armateurs, associé à DFDS, compagni