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La BCE, dernier recours d'une Europe en faillite ?

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Politiques ou analystes, ils sont de plus en plus nombreux à réclamer l'intervention de la banque centrale européenne pour tirer de l'ornière les Etats en difficulté. Au prix de son indépendance statutaire, farouchement défendue par l'Allemagne.
Le sigle de l'euro à la BCE, à Francfort (AFP / Daniel Roland)
publié le 17 novembre 2011 à 11h29
(mis à jour le 17 novembre 2011 à 23h04)

C'est un paradoxe étonnant. La dette de la France équivaut à 85% de son PIB annuel. Un niveau proche de la dette britannique (81%) mais inférieur à celle des Etats-Unis (100%), et presque modeste comparé au Japon (plus de 200%). Pourtant, notre pays ne peut emprunter sur les marchés qu'à des taux très supérieurs à ceux de ces trois pays. Une situation d'autant plus étonnante que le Japon et les Etats-Unis ne disposent même plus du fameux triple A dont Paris, lui, peut encore se prévaloir. L'économiste amateur y perd son latin. Explications.

Les Banques centrales en filet de sûreté

En réalité, différents facteurs propres à chaque pays expliquent ce décalage. Par exemple, le statut de monnaie de référence du dollar en fait un placement très recherché. Il sera toujours intéressant, et sans risque, de prêter aux Etats-Unis et d'être remboursé dans cette devise. Mais c'est un autre facteur, commun aux trois pays, qui est le plus souvent avancé ces derniers jours : tous disposent d'une banque centrale habilitée à racheter, sur les marchés, la dette émise par les Etats. Avec des ressources par définition illimitées, puisque ce sont ces banques centrales qui créent la monnaie.

Et en ces temps de crise, elles utilisent à fond cette capacité de rachat, qui rassure les prêteurs. Ainsi la banque du Japon a-t-elle lancé un programme d'acquisition de 470 milliards d'euros de titres, dont une partie d'obligations nationales. La banque d'Angleterre, elle, atteindra vers la fin de l'année les 320 milliards d'euros de rachat de dette