On pensait que le scandale du Mediator avait créé un électrochoc sur les conflits d’intérêts entre médecins et laboratoires. La transparence sur ces liens parfois incestueux est au cœur de la loi post-Mediator, dont l’examen a repris mardi soir à l’Assemblée. Mais une réunion interne de MSD France (filiale de l’américain Merck), dont
Libération
s’est procuré l’enregistrement
,
montre que les habitudes ont la vie dure. Des cadres y expliquent qu’il faut choyer les médecins
«positifs»
envers le laboratoire. Le directeur médical suggère même que MSD neutralise les experts critiques avec une
«valise de biftons».
(voir la vidéo)
L’histoire commence en juin. L’Agence européenne du médicament (Emea) prévient Merck que le Victrelis, son nouveau traitement pour l’hépatite C, est sur le point d’obtenir une autorisation de mise sur le marché pour l’Europe (1). Le labo contacte la Haute Autorité de santé (HAS) pour qu’elle lance l’évaluation. L’enjeu est crucial pour MSD : le verdict de la HAS déterminera le prix du Victrelis et son taux de remboursement par la Sécu.
Mais depuis l’affaire du Mediator, la HAS se méfie. Le 20 juin, elle demande pour la première fois au labo de fournir la liste de tous les experts qu’il a rémunérés - généralement des mandarins hospitaliers -, afin de ne pas les désigner pour évaluer le Victrelis.
«Incroyable». Cette exigence de transparence est au menu, le 23 juin, d'une réunion au siège de MSD à Courbevoie (2), an