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Libération
Récit

Le lobby de l’atome réactive sa force de frappe

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Depuis la catastrophe de Fukushima, les industriels se mobilisent pour défendre la filière française.
publié le 26 novembre 2011 à 0h00

Le ciel leur est tombé sur la tête. Le lobby nucléaire se croyait intouchable, aussi solide que le béton et l’acier dont on fait les centrales. L’atome français, c’est un réseau politico-industriel sans égal, enraciné au cœur de l’appareil d’Etat et soutenu par l’ensemble de la classe politique depuis plus d’un demi-siècle. Une implacable machine d’influence que la catastrophe de Fukushima, puis l’accord électoral entre le PS et Europe Ecologie - les Verts (EE-LV), menace pour la première fois. D’où un lobbying de plus en plus intense.

Tout commence le 12 mars à Fukushima. Au départ, «les industriels ont privilégié la discrétion en se cachant derrière l'appareil d'Etat», analyse le député vert Yves Cochet. La plupart des nucléocrates se taisent, car ils sous-estiment l'onde de choc. Et en particulier le très sarkozyste patron d'EDF, Henri Proglio. S'il sait que la relance mondiale sur laquelle comptait la filière a du plomb dans l'aile, «il n'a pas cru une seconde que l'engagement nucléaire de la France pouvait être remis en cause», diagnostique un concurrent. Lors d'une sortie médiatique fin avril, Proglio affiche sa sérénité sur le «choix» français, son agacement face aux questions sur la sûreté, et annonce un simple renforcement de son dispositif d'urgence. Laissant le gouvernement rassurer la population, à coups d'audits et de «stress tests» des centrales.

A contrario, Anne Lauvergeon (1), alors patronne d'Areva, flaire vite le danger. Elle trava