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Libération
Portrait

Tablettes d’honneur

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Henri Crohas. A 60 ans, cet ingénieur qui s’est déjà refait plusieurs fois redresse son entreprise Archos grâce à la tablette tactile.
(Frédéric Stucin.MYOP)
publié le 5 décembre 2011 à 0h00

Le dernier livre qui transporté Henri Crohas ? Au cœur des ténèbres de Conrad (Apocalypse Now à l'écran), récemment relu en VO. «Cette quête en remontant le fleuve… A la fin, Kurz est devenu un dieu pour ceux qui l'entourent mais lui-même est hanté par on ne sait exactement quoi, et il meurt en répétant : "L'horreur, l'horreur"… Magnifique.» Gageons qu'Henri Crohas s'est régalé sur version papier : il se ditpeu utilisateur de ses propres produits. «Dès lors qu'ils existent, ils ne m'intéressent plus, je pense au coup d'après.» On prévoyait un geek pur et dur, no-life relié à 12 000 oreillettes et sous perfusion de gigas. On a rencontré un bricoleur, depuis l'enfance à Craponne-sur-Arzon (Haute-Loire), où, dans l'atelier d'un père ferronnier, ce cadet d'une fratrie de quatre goupillait «des moteurs de hors-bord avec des machines à coudre», «plein de trucs». Une formation d'ingénieur Arts et Métiers s'ensuivrait comme une évidence. Mais cet inventeur-bricoleur-là n'est pas Professeur Tournesol perché. Il se double d'un parieur aimanté par l'idée de rafler la mise. Qui dit sur le mode du constat : «Heureusement que je ne joue pas, je serais un flambeur.»

Henri Crohas relève d’une espèce en voie de disparition. Héraut français de l’électronique grand public, fondateur animateur d’une marque qui se targue crânement du titre de concurrent aiguillon d’Apple. On se gausse ? L’Archos de Crohas, «petite PME de 200 personnes» comme l’intéressé le rappelle, est non seulement