France et Allemagne ont des modèles de croissance très différents. Outre-Rhin, ce sont les exportations qui ont toujours été le moteur de l'activité, tandis qu'en France c'est d'abord la consommation des ménages. Quand on compare les deux pays, un chiffre fait très mal : le solde de la balance commerciale. Un excédent d'environ 154 milliards d'euros l'an dernier côté allemand, contre un déficit de 51 milliards d'euros côté français. Et l'écart continue de se creuser entre les deux pays. Il y a dix ans, nos exportations représentaient 55% des exportations allemandes… Aujourd'hui, la proportion est de 40%. Mais comme le souligne Catherine Stephan, économiste chez BNP Paribas, «le fort degré d'ouverture de son économie donne à l'Allemagne une croissance plus volatile et cyclique».
Tout ralentissement du commerce mondial frappe donc plus durement à Berlin, en atteignant ses investissements et ses exportations. En témoigne la récession de 4,7% de l’économie allemande en 2009, du fait de la crise mondiale, contre un recul de 2,7% seulement en France. Cela dit, hormis cette année noire, le différentiel de croissance a constamment été, depuis 2006, à l’avantage de Berlin, confirmant son rôle de locomotive de la zone euro.
En 2010, l’Allemagne a même réussi à afficher son plus grand boom depuis la réunification : 3,6% de croissance (contre 1,4% en France). Un succès éclatant dû autant à la vigueur des exportations qu’à un regain de la consommation intérieure, puisque le recul