Colbertisme contre «Mittelstand», champions du CAC 40 contre bataillons de PME labellisées Deutsche Qualität… La France a perdu la bataille industrielle avec l'Allemagne depuis des lustres. Mais l'écart entre les entreprises des deux rives du Rhin ne cesse de se creuser.
C'est un rapport livré en début d'année au ministère de l'Economie par l'institut Rexecode qui le dit, pointant «une véritable rupture de compétitivité intervenue il y a dix ans». Le constat est implacable : «La valeur ajoutée créée par l'industrie implantée sur notre territoire représentait 50% de la valeur ajoutée créée sur le territoire allemand en 2000. Ce poids a diminué à 40%.»
En cause, la désindustrialisation qui a frappé l'Hexagone : en comparaison avec l'Allemagne, la France a perdu 13% de ses entreprises industrielles entre 2000 et 2007. Et le coût du travail a augmenté chez nous :«Le prix moyen des exportations a progressé d'environ 8% de plus que le prix des exportations allemandes.» En clair, la France a perdu son seul avantage à l'export. Avec pour résultat un recul des commandes, des défaillances d'entreprises et des délocalisations… Au bout du compte, la perte de parts de marché à l'export face à l'Allemagne aurait entraîné un manque à gagner de 100 milliards d'euros pour la France.
Le déséquilibre franco-allemand ne date pas d'hier : à la fin du XIXe siècle, Krupp et Siemens étaient déjà plus puissants que Schneider ou Peugeot. Mais, contrairement