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interview

Jean-Paul Fitoussi : «Ce que l'on vit est de l'ordre de la tragédie»

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Mauvais diagnostic, mauvais remède. Pour l'économiste néokeynésien, le compromis franco-allemand ne fera que renforcer la course à l'austérité. Et alimenter la récession.
Le siège de la BCE à Francfort. (Johannes Eisele. Reuters)
publié le 6 décembre 2011 à 16h39

Jean-Paul Fitoussi est directeur de recherche à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Il répond aux questions de Liberation.fr.

L'accord entre Paris et Berlin vous semble-t-il un bon chemin pour sortir l'Europe de la crise?

Non. Le deal franco-allemand est décalé par rapport à la crise sans précédent que l'on vit en Europe. Il prendra un temps à être mis en pratique quand il faudrait être beaucoup plus réactif. Un accord sur la discipline budgétaire et une union monétaire seraient acceptables s'il existait un gouvernement fédéral et des Etats qui acceptent la règle du jeu. Ce n'est pas le cas. Promovoir la vertu à tout prix, renforcer encore la rigueur dans des pays qui ont abdiqué toute liberté budgétaire est non seulement incohérent, mais contre-productif...

Pourquoi?

Parce que la crise à laquelle on est confrontés n'est pas la conséquence d'un laxisme budgétaire! L'Irlande, premier pays à tomber, avait un excédent budgétaire de 2,9% en 2006 et une dette publique de moins de 24%! Tout comme l'Espagne, 2,4% en 2006 et 36%. Ce qui a produit le tumulte actuel, ce n'est donc pas la trahison de Maastricht et des critères du pacte de stabilité. Ce sont les flux de capitaux spéculatifs. Ils avaient massivement investi ces pays et les ont fui. Il aurait seulement fallu les empêcher d'y rentrer en taxan