Ancien ministre des Finances et des Affaires étrangères mexicain, l'économiste Angel Gurría est depuis 2006 le secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). A l'occasion de la publication du deuxième rapport de l'OCDE sur la croissance des inégalités dans ses 34 pays membres, il a reçu Libération.
Pourquoi l’OCDE s’intéresse-t-elle à cette question des inégalités ?
Quand elles sont trop fortes, elles deviennent un frein à la performance économique. Elles ont augmenté de 10% entre le milieu des années 80 et 2008, et aujourd’hui, dans les économies avancées, le revenu moyen des 10% les plus riches représente environ neuf fois celui des 10% les plus pauvres. C’est pourquoi les politiques en faveur de plus d’égalité sont nécessaires pour améliorer l’activité, même si un certain niveau d’inégalité demeure nécessaire. D’autant plus au moment où la crise et la récession font leur retour.
Pourquoi ?
La crise est ce qui peut arriver de pire en matière d’inégalités. Ce sont toujours les plus pauvres qui en souffrent le plus. Si on refait le film depuis 2008, la crise a d’abord été financière, avant de se propager à l’économie réelle, puis aux Etats, qui ont plus ou moins réussi à l’amortir en pratiquant des politiques de relance. Mais ils l’ont ensuite payé d’une nouvelle crise, déclenchée cette fois par les dettes souveraines et qui touche maintenant le cœur de nos économies. Déjà 14 millions d’emplois ont été détruits depuis 2008, et le mouvement va s’accélérer. Il faut par tous les moyens mettre fin à cette