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Libération
Interview

«L'objectif du sommet était de faire plaisir à la BCE»

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publié le 9 décembre 2011 à 12h26

L'accord européen -sans la Grande-Bretagne- est-il la bonne solution aux malheurs de l'Europe ? Décryptage avec Charles Wyplosz, économiste, professeur à l'Institut universitaire de hautes études internationales de Genève.

Le projet de traité institue-t-il une Europe à deux vitesses, ou avant tout d'une Europe sans la Grande-Bretagne ?

C'est la première fois dans l'histoire de la construction européenne qu'on part sur un traité séparé, qui ne rassemblerait pas tous les pays. Grande-Bretagne ou pas, c'est une question de principe : on admet qu'on ne fait pas tout ensemble.

Quel peut être l'avenir d'une Grande-Bretagne ainsi marginalisée ?

Je pense que ça va détendre tout le monde. La Grande-Bretagne est surtout inquiète de la sauvegarde de son système financier, elle n'a aucune intention de le sacrifier. Tandis que la France et l'Allemagne veulent réguler le leur. Chacun cherche à imposer son modèle à l'autre. La séparation est donc une bonne chose pour tout le monde. Elle va sans doute renforcer la domination de la place financière de Londres, tandis que le système financier continental restera dominé par les banques.

La presse anglo-saxonne parle d'une victoire pour Nicolas Sarkozy et son projet d'une Europe restreinte et intergouvernementale.

Il me semble que le fond de l'accord signé hier est plutôt allemand. Mais sur les aspects intergouvernementaux et l'Europe à deux vitesses, oui, c'est Français. Les Anglais sont frappés de se retrouver en minorité, et doivent en vouloir un peu à la "perfide France". Mais cela fait vingt ans que l'on parle d'une Europ