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Libération
Récit

L’Europe s’unit sans le Royaume-Uni

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Face au refus de Londres de s’engager sur une révision des traités, Paris et Berlin ont convaincu tous les autres pays de les rejoindre.
par Jean Quatremer, BRUXELLES (UE), de notre correspondant et Nathalie Dubois
publié le 10 décembre 2011 à 0h00

L'euro passera Noël, mais le Royaume-Uni prend le large. Par vingt-six voix contre une, les dirigeants de l'Union européenne ont décidé, vendredi à Bruxelles, de s'engager dans une révision des traités qui donnera naissance à une nouvelle union économique, pendant de l'union monétaire, où sera quasi-interdit le déficit des finances publiques. Promoteurs de cette «union de stabilité budgétaire», Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande, Angela Merkel, n'espéraient pas rallier autant de monde à leur plan de «la dernière chance».

Mais la peur de décevoir une fois de plus les marchés, ainsi que la menace pesant sur le triple A des meilleurs élèves de la zone euro, ont convaincu les Européens qu'ils ne pouvaient pas ressortir les mains vides de leur seizième sommet de crise en deux ans. Et la crainte de la marginalisation a poussé les pays qui n'ont pas encore adopté la monnaie unique, à embarquer sur le bateau de la zone euro, laissant sur la berge le Royaume-Uni. Au terme d'une nuit blanche, émaillée de quelques «moments virils», selon les participants, le couple franco-allemand peut clamer «jeu, set et match». Une revanche sur le cri de victoire poussé en 1991 à Maastricht par le Premier ministre britannique, John Major, alors qu'il venait d'obtenir le droit de garder la livre sterling. Récit d'un retournement historique.

Clash. Jeudi soir, devant des assiettes de cabillaud accompagné de mousseline de potimarron et cerfeuil